Une bulle, un jour...

Théâtre de rue

Les deux clochards au doux soleil,
Leur mol habit tout chiffonné,
Interpellent non un pareil
Mais le passant tout étonné.

Tel un auteur sans scène,
Déséquilibré,
Heureusement assis,
Le langage libéré.

Interpellent un couple âgé,
Main dans la main,
C’est un amour piégé.
Lui, pantalon noir et escarpin,
Sombre est sa mise ;
Elle, jupe beige et courte cape,
Élégante et précise,
Souriante malgré satrape.

Attirent leur attention
Alors que gronde un camion,
Très pressée, une maman,
Djeans et bottes, en manteau noir,
Et l’enfant dormant comme un loir.

Apparaît un autre personnage
Une jeune Eve, un amour,
Et fort élégante en corsage,
En collants et short de velours :
Ils sont noirs comme ses bottines.
Elle sourit chevelure au vent
Répondant aux piques mutines,
S’enfuit devant le couvent.

En salopette verte
Nos balayeurs des rues
Avec nos clochards dissertent
Et tout au long des avenues
Balancent leurs balais
Au hasard des déchets.

Deux jeunes amoureux
Dans une bulle réunis,
Lui, le froc pendant ,
Elle, une longue écharpe,
Se tiennent enlacés
Dans le désordre de leurs pensées,
S’emmêlent presque les pieds
Quitte à s’estropier;
Alors nos deux hommes sifflent.

Ici je ne vais pas tout décrire. Premier quatrain en rimes croisées, donc un certain élan.
Puis quatrain en vers libre dit-on mais en fait pour moi ils ne le sont pas tout à fait car leur métrique est liée au contenu du vers.
Huitain (stabilité) et rimes croisées : un certain entrain malgré la non alternance des rimes masculines et féminines ce qui ne me semble pas trop lourd cependant : peut-être le fait d’avoir quatre rimes masculines puis quatre féminines.
Quintil de trois heptasyllabes et deux octosyllabes : vous avez compris. Avec une symétrie dans les rimes AABCC qui donne une certaine liaison à l’ensemble. Bien sûr je termine par une rime plate ! Ce ne sera pas la seule fois et je trouve que cela marque bien la fin de la strophe qui décrit un personnage donc sans lien avec la suite. On pourrait supprimer la strophe, cela n’enlèverait pas de sens au poème.
Huitain (stabilité) d’octosyllabes et de vers de 7 et 9 syllabes. Les rimes croisées donnent un certain entrain comme l’alternance des rimes masculines et féminines.
Sizain. Remarquez les deux derniers hexasyllabes avec césure (mouvement du balai). Ici nous avons au niveau des rimes ABABCC. Je termine par une rime plate ce qui ne se fait pas, portant ici cela clos très bien la strophe avec le jeu de balai des employés.
Neuvain (mouvement). Mais en vers libres indiquant une certaine anarchie.
Attention, il y a quelques rimes qui n’en sont pas : ne le répétez pas ! Trois exactement ! Mais cela traduisait bien la scène et je n’ai pas pu faire mieux!

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