Au reveil
1 Ma bulle s’envole, 2 En l’air 3 Virevolte. 4 Je me sens si léger. 5 Sur elle-même tourne 6 Comme toupie, 7 À sa paroi me cogne, 8 Elle monte 9 Lors je suis collé au plafond, 10 Redescend je m’affaisse assis 11 Comme dans un manège 12 Qui en tous sens vous secoue. 13 Vous laissant aller 14 Les suivez dans ce chaos 15 Qui va vous saoulant. 16 Elle monte en tourbillonnant 17 Au-dessus du quartier, 18 Sont les toits gris, 19 Les arbres du couvent, 20 Et ceux du square, 21 Puis enfin de la place. 22 Tout ça ne tient pas debout 23 Hein ! 24 C’est comme ça vient. 25 Je m’éveille enfin.
Comme vous pouvez le constater ici il n’y a pas de rimes, de ce point de vue ce sont des vers libres qui traduisent le hasard, ce qui est assez facile à réaliser ! Les vers n’ont pas non plus même nombre de syllabes ce qui en ferait aussi de ce point de vue, des vers libres. Ce qui serait le hasard complet. Or dire qu’ils n’ont aucune structure n’est pas tout à fait vrai. Le 1er vers de cinq syllabes est du pur mouvement, celui de la bulle qui s’envole, comme le 3ème d’ailleurs, le 8ème, le 12ème … Il est donc difficile d’écrire des vers complètement libres dont la structure n’a aucun sens. Par contre les poèmes qui ont précédé ne sont pas en vers libres, mais suivent en général, strophes non comprises, les règles de mes éléments de prosodie. Par exemple le vers 16 est de la forme 8 = 3 + 5, où les trois premières syllabes évoquent un mouvement comme les cinq suivantes. Cependant un vers de huit syllabes est stable, inscrit dans la durée, ce qui est le cas de cette montée en mouvement.> Pour d’autres ce sont évidemment des vers purement libres, par exemple le vers 15 « Qui vous grise » de trois syllabes et qui n’indique pas un mouvement. Comme quoi, il n’est pas si aisé d’écrire des vers libres ou est-ce que le hasard pur n’existe pas ? Pour ce qui est des majuscules en tête de vers, j’ai tendance à penser que cela donne un certain équilibre au poème : doit-on alors mettre des minuscules pour écrire en vers libres ? Je pense que l’on pourrait se passer de majuscule lorsqu’il y a enjambement, rejet ou contre-rejet.