Quand une bulle
Quand sur la feuille Déjà plus blanche Là quand s’épanche L’âme recueille Premiers stigmates D’encre et stylo Tracent ces mots, Mes doigts sans hâte Forment bulle Et s’envole Toute folle Traverse vibrante La fenêtre et hante D’entre les soupentes Oh ! fragile et lente La rue qui la tente. Mais voici qu’erratique Poussée par le vent Elle s’arrête Et repart, Passe de la rue le coin Puis là longeant l’avenue D’un léger soleil goûte Douceur la prenant toute.
Quatrains de tétrasyllabes pour les deux premières strophes avec rimes embrassées tout cela donnant de la stabilité. Tercet de trisyllabes, du pur mouvement mais plombé par deux rimes plates (ludion) comme, mais moins rapide, le quintil suivant de pentasyllabes. Quintil bâti sur une seule rime : forte cohérence de la strophe et lenteur. Puis quintil sans rimes (aléa) de vers semblant métriquement erratique comme la bulle : en fait il y a des vers de mouvement (3, 5, 7 syllabes) et un vers de 4 syllabes (l’arrêt : stabilité). Il s’oppose particulièrement au précédent quintil. Puis tercet composé d’un heptasyllabe (mouvement lent) et d’hexasyllabes plus complexes mais calmants. Les tercets isolés sont de la forme ABB ce qui n’est point commun: cependant la cohérence de la strophe est entière, mais les deux derniers vers sont très liés. Cette rime plate lourde pourrait alourdir le tercet : pour le premier cela ne semble pas justifié mais cependant n’a pas l’air d’entraver le mouvement. Pour le dernier tercet la rime plate semble bien clore le poème et a un rôle apaisant. La structure interne des vers est cependant libre. Dans tout cela vous voyez que je tords le cou à la tradition mais non sans raisons!