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Est-ce rêver d’écrire un jour, Ce jour à venir et qui m’émeut. Est-ce rêver le grand retour Du chant des poètes amoureux. De ce peuple sans avenir Qui va souffrant et se torture. De lui que peut-il advenir Quand il ne voit que forfaiture. Est-ce le triste cri du cygne L’appel qui difficilement À ma plume envoie un signe ? Quant à s’attarder n’est le moment. Du ventre de cet antre sombre Résolu j’en fais le serment, Tâtonnant comme une ombre, Tel fantôme sortant de terre, Par de violents efforts sans nombre, Imbibé d’un épais mystère Fragile et peureuse luciole Léger fanal dans les éthers. Faites que souffle ne l’étiole Et que sa petite musique Soit partition d’une viole. Lors s’élève un chœur antique Une très profonde rumeur Et ce n’est pas une mystique Simplement de l’espoir c’est l’heure. Quand un simple trait de lumière À l’orée de la grotte vibrant Porte cette épée altière L’étalon va se cabrant, Il n’est plus aucun cœur de pierre. L’entendez-vous ? C’est une marche. Encore à pas lents elle défile, De l’entrée du gîte fait arche, Ignorant alors les édiles Sous l’œil des sages patriarches. Unis comme en une chorale Le rythme profond de leur pas Sur la lande entière s’étale, Des réticents fait le trépas Qui s’envolent tels pétales. Le pouls va s’accélérant, La lumière du matin diffuse Éclaire la foule errant Dans un paysage en céruse Qui a couleur de l’incertain, Quand soudain quelques cris fusent, D’angoisse face à leur destin Mais laisse cette multitude Impassible, point de mutins. Comprenez bien leur attitude Car le purgatoire ont choisi Et cela est leur certitude. Ne se nourrissant d’ambroisie Quand pourtant fiers ils avancent Se mêlent à la bourgeoisie Car ils ont bien compris l’essence De l’avenir, pas après pas. Ainsi entrent dans la danse, Invitent à vaste repas.